Dans cette interview, Christophe Berardengo, Global Licensing Officer chez Crédit Agricole Assurances, nous décrypte la gestion du portefeuille de licences de son groupe et nous explique comment il parvient à maîtriser les dépenses tout en répondant aux besoins croissants de l’entreprise.
Vous êtes Global Licensing Officer au sein de CAA, pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?
Christophe Berardengo : « J’ai débuté ma carrière comme analyste programmeur, puis j’ai évolué vers un poste de chef de projet dans une SSII, où j’ai travaillé pendant six ans. Au début des années 2000, j’ai rejoint une start-up où j’ai dirigé une business unit spécialisée dans l’assistance au pilotage des projets IT pour divers clients. Par la suite, j’ai intégré le secteur de l’assurance, d’abord chez Gan Groupama, puis chez Crédit Agricole Assurances. J’y ai occupé plusieurs postes, allant de chef de projet à directeur de projet, puis Responsable du domaine applicatif et enfin Responsable du service Méthodes et Process. Depuis 2018, j’occupe le poste de Global Licensing Officer chez Crédit Agricole Assurances, une fonction nouvellement créée à l’époque. Avant cela, chaque entité gérait ses achats et la gestion des licences IT de manière indépendante. La Direction générale a réalisé qu’il était nécessaire de centraliser cette fonction, notamment en raison de l’augmentation significative du budget des licences, qui a été multiplié par 2,5 en six ans. Mon rôle consiste à organiser et accompagner la transformation digitale de l’entreprise, en passant à une gestion industrielle des licences depuis 2018. »
Vous gérez un parc de licences conséquent. Pouvez-vous nous expliquer la gouvernance que vous avez mise en place ? Arrivez-vous à maîtriser les coûts sur 100% de vos éditeurs ?
Christophe Berardengo : « Nous avons instauré une gouvernance centralisée avec un comité mensuel au niveau du groupe Crédit Agricole, réunissant les Global/Chief Licensing Officers et les acheteurs IT. Chaque entité dispose également de son propre comité. Chez Crédit Agricole Assurances, nos comités Licensing, que j’anime, regroupent 25 personnes qui représentent les différentes plateformes IT ainsi que les métiers concernés. Nous gérons plus de 300 produits IT sous licences, sans compter les licences techniques et de production gérées par notre infogéreur CA-GIP. Depuis 2018, nous avons centralisé le budget des licences et mis en place un comité Licensing mensuel à l’IT et trimestriel avec les métiers. Des relais, appelés SAM (« Software Asset Management »), sont présents dans les différentes entités pour relayer la politique globale du Licensing et assurer la conformité des licences. Les deux premières années, nous avons réalisé des économies en éliminant les gaspillages, redondances et en centralisant les achats. Nous avons également sensibilisé les souscripteurs sur les métriques utilisées. Environ 30 à 40% de nos produits dépendent des contrats du groupe Crédit Agricole, négociés par des acheteurs du groupe, spécialisés et rompus aux éditeurs comme Microsoft, Oracle et IBM. Les 60% restants sont propres à l’assurance et gérés directement par les achats de Crédit Agricole Assurances. Je suis impliqué dans l’ensemble des achats, notamment sur les contrats de licences, en veillant à simplifier les contraintes et à éviter les clauses d’audit. Je participe également aux négociations, en étant vigilant sur le type de métrique proposé, les clauses d’augmentation et en incluant systématiquement une clause de tacite reconduction pour éviter des augmentations excessives. Concernant la facturation des éditeurs, nos coûts ont triplé depuis 2018, en raison de l’augmentation de notre activité, de la transformation digitale, de l’évolution de la réglementation et du passage au cloud. Actuellement, 30 à 35% de nos licences sont en cloud, et ce chiffre augmente chaque année entre 5 et 10% au détriment du On-Premise. »
Comment communiquez-vous en interne sur le sujet des licences ?
Christophe Berardengo : « Je participe à plusieurs comités de suivi de conformité au sein de mon entreprise, notamment les revues de Patrimoine, le comité de validation des solutions d’architecture et le comité de référence Cloud. Ce sont des plateformes essentielles pour faire circuler l’information, communiquer sur notre univers et renforcer les compétences de nos interlocuteurs. Chaque année, lors des réunions des responsables de patrimoine, nous abordons divers points, y compris celui des licences. Ces échanges nous permettent de partager notre expertise et d’assurer une gestion optimale des licences au sein de l’entreprise. »