José Navas, Directeur des Systèmes d’information et Digital au sein du groupe TRIGO, leader mondial des services d’inspection, d’ingénierie et de conseil en Qualité pour l’industrie automobile, aérospatiale, du rail et du transport lourd, nous explique la démarche d’achat des licences logicielles de son entreprise et partage sa vision des prochains enjeux « Métier » DSI.
Vous êtes Directeur des Systèmes d’information et Digital au sein du groupe Trigo, quel est votre périmètre d’activité ?
José Navas : « Mon domaine d’intervention est double : Solutions et Infrastructures. En ce qui concerne la branche Solutions, mon principal objectif a consisté à digitaliser le métier de nos inspecteurs. À mon arrivée, en 2015, chaque inspecteur effectuait son travail en utilisant des formulaires papier pré-remplis pour consigner les détails des éléments inspectés. Ma première initiative a été le développement d’une application mobile. Aujourd’hui, celle-ci leur donne accès à toutes les missions qu’ils doivent accomplir au cours de la journée. Ils n’ont plus qu’à scanner les codes-barres des éléments à contrôler, ce qui remplit automatiquement toutes les informations pertinentes. Ensuite, ils doivent caractériser les défauts en les sélectionnant dans une liste préétablie. S’ils le souhaitent, ils ont la possibilité de prendre des photos des défauts pour les clients. Cette application est intégrée à notre système ERP, qui est connecté à un portail client. Ainsi, le client peut se connecter en temps réel et suivre les actions effectués par nos inspecteurs.
En ce qui concerne la partie infrastructures, mon périmètre est plus traditionnel. J’ai la responsabilité de gérer les serveurs et l’hébergement des solutions. Notre principal défi réside dans le fait que nous opérons dans les usines de nos clients réparties sur quatre continents et dans 26 pays différents. Certains d’entre eux autorisent l’installation de réseaux, tandis que d’autres ne le permettent pas du tout. Par conséquent, nous avons choisi d’héberger nos solutions dans le cloud. Nous n’avons besoin ainsi que d’une connexion Internet pour travailler. »
Quelle est la démarche d’achat des licences logicielles de Trigo ?
José Navas : « On collabore avec Mersy depuis maintenant 5 ans. Nous avons sollicité l’assistance de Mersy pour nous aider à renégocier notre contrat avec Microsoft. Cette démarche s’est déroulée en deux étapes distinctes. Tout d’abord, nous avons entrepris d’identifier les besoins de nos collaborateurs en ciblant leurs usages. Cette première étape nous a permis de déterminer les solutions Microsoft 365 nécessaires à notre entreprise. Ensuite, nous avons segmenté nos utilisateurs en différents profils tels que l’inspecteur, le responsable de l’équipe support, les fonctions du siège, etc. Nous avons identifié cinq types de profils différents et pour chacun d’eux, nous avons attribué les solutions Microsoft correspondantes à leurs besoins spécifiques.
Grâce à ce travail méticuleux, nous avons réussi à réduire notre contrat de 33%. Cette approche de négociation basée sur les usages s’est avérée beaucoup plus efficace que si nous avions négocié en nous basant uniquement sur les prix des licences. En effet, l’offre de Microsoft est présentée sous forme de suites de solutions, ce qui complique la compréhension des tarifs. En décomposant ces suites, nous avons pu obtenir une tarification plus précise.
En ce qui concerne la gestion de ce parc de licences, nous utilisons la console « Bureau des Licences », qui nous offre une vue d’ensemble de toutes nos licences et nous permet d’identifier celles qui ne sont pas utilisées. C’est un véritable atout, car Microsoft ne communique pas le nombre de licences effectivement utilisées à ses clients, mais seulement le nombre de licences allouées. Grâce à cette visibilité, nous pouvons réaffecter des licences à d’autres collaborateurs de manière mensuelle. De plus, une fois par an, nous avons la possibilité de renégocier nos besoins avec Microsoft. »
Quels sont, selon vous, les enjeux « Métier » des DSI ?
José Navas : « Le premier est la transformation digitale, un terme souvent utilisé et galvaudé par de nombreux acteurs. Pour moi, cette transformation est atteinte, lorsqu’un collaborateur utilise, non seulement des outils digitaux dans son métier, mais surtout quand ces outils sont interconnectés, permettant ainsi aux DSI de tirer parti des données. Par exemple, au sein de notre groupe, nos inspecteurs génèrent d’innombrables données lors des contrôles. Ces données sont ensuite collectées et analysées pour en tirer des enseignements. Nous pouvons ainsi prospecter nos clients en leur offrant des services que nous savons pertinents pour eux. Cela représente une véritable valeur ajoutée que notre direction commerciale exploite dans ses activités de prospection. Nous commençons ainsi à développer des techniques de cross-selling et de up-selling avec des clients ayant des usines dans plusieurs pays.
Pour aller plus loin, nous développons actuellement des modèles prédictifs pour nos clients industriels, grâce à l’analyse fine des données que nous collectons. Nous sommes ainsi en mesure d’anticiper les non-conformités pouvant survenir dans la chaine d’approvisionnement et d’informer nos clients, avec qui nous pouvons alors agir pour résorber en amont ces défauts.
L’autre enjeu majeur est l’intelligence artificielle. Nous testons actuellement des systèmes de contrôle automatisés utilisant des intelligences artificielles connectées à des webcams pour détecter les défauts sur les pièces et composants que nous contrôlons. Et nous travaillons sur la réalité augmentée en testant des outils visuels permettant de créer des expériences immersives pour nos inspecteurs sur le terrain.
Enfin, la cybersécurité représente un enjeu essentiel. De nombreuses entreprises font face à des cyberattaques. Chez TRIGO, nous développons des scénarios de crise, communiquons régulièrement de manière pédagogique et avons mis en place la double authentification pour nos collaborateurs. »