Lors du webinaire « Explosion des coûts SaaS et Cloud : Quelle stratégie pour les DSI ? », Guillaume Yvon, CTO de OPmobility (ex-Plastic Omnium), a partagé son expertise sur les défis actuels rencontrés par les DSI face à l’augmentation des coûts. Un échange organisé par Ismail Charkaoui, co-fondateur d’Hubadviser.

Pouvez-vous nous expliquer quelles sont vos missions chez OPmobility ?

Guillaume Yvon : « En tant que CTO, mes missions sont principalement orientées vers le Build, l’Innovation et le Lean. Je n’ai plus la gestion des opérations, mais je m’assure de définir les standards informatiques à l’échelle mondiale pour notre groupe. Avec 210 sites à travers le monde, notre équipe centrale définit ces standards, et ce sont ensuite les équipes locales qui les appliquent. Nous cherchons à innover et à optimiser en permanence, notamment en intégrant l’intelligence artificielle dans nos processus. Face à la hausse des coûts, l’objectif est de maintenir notre budget annuel tout en cherchant des solutions pour optimiser nos opérations. »

Quels sont selon vous les éléments principaux qui expliquent cette hausse des coûts SaaS et Cloud ?

Guillaume Yvon : « Il y a plusieurs facteurs clés :

  • L’inflation : l’augmentation des coûts des infrastructures, en particulier à cause de la pénurie de microprocesseurs et des tensions sur les chaînes d’approvisionnement, joue un rôle majeur. À cela s’ajoutent les difficultés géopolitiques qui compliquent encore les choses, sans oublier l’augmentation des salaires qui suit cette tendance inflationniste.
  • L’IA générative : les éditeurs sont aujourd’hui sous pression pour intégrer des solutions d’IA dans leurs logiciels. Cette évolution des technologies se traduit par une répercussion des coûts d’infrastructure dans les prix de leurs licences. L’IA nécessite des ressources de calcul considérables sur des infrastructures Cloud externes telles que celles d’Amazon, Microsoft ou Alibaba, ce qui augmente d’autant les coûts pour les entreprises comme la nôtre.
  • La dépendance aux éditeurs : de plus en plus d’entreprises sont dépendantes des grands éditeurs de solutions. Cela peut poser un problème majeur si ces derniers changent leur modèle de tarification, comme c’est le cas avec Broadcom, Microsoft ou actuellement SAP qui impose son offre SAAS Rise tout en proposant des négociations avantageuses sur les licences. »

Une fois ces constats faits, quelles solutions mettez-vous en place chez OPmobility pour faire face à cette explosion des coûts ?

Guillaume Yvon : « tout d’abord, il faut séparer les rôles dans le processus de négociation. Chez OPmobility, nous avons un responsable des achats IT, un juriste et moi-même. Ensemble, nous gérons les négociations tout en impliquant les équipes opérationnelles dans la rédaction des cahiers des charges. Cela permet de mieux structurer notre approche et de maximiser les gains.

Ensuite, il est crucial d’anticiper les hausses. Nous négocions nos contrats 12 à 6 mois à l’avance pour optimiser les coûts et transformer les gains en crédit sur notre budget de renouvellement. Une autre tactique, bien connue des DSI, est de négocier juste avant la fin de l’année fiscale de l’éditeur, ce qui peut nous permettre d’obtenir des prix plus avantageux.

Pour maîtriser les coûts sur le long terme, l’hybridation des infrastructures est une solution intéressante. Nous combinons des contrats Cloud avec des solutions On Premises, ce qui permet de répartir les investissements sur différents types de solutions. Par exemple, pour certains projets très spécifiques comme les supercalculateurs HPC, nous testons d’abord sur le Cloud avant de décider d’investir dans une infrastructure physique. » 

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’importance de l’hybridité des infrastructures chez OPmobility ?

Guillaume Yvon : « nous avons un modèle hybride avec quatre types d’hébergement : local (Edge), dans des data centers traditionnels, sur Azure et AWS, ainsi que sur des data centers régionaux (pays). Ce modèle permet à nos collaborateurs de bénéficier du même service, peu importe leur emplacement géographique. Nous utilisons le Cloud privé pour des applications sensibles, comme celles de la chaîne de production, où la moindre coupure pourrait être catastrophique. Cela nous offre également une certaine flexibilité sans être contraints par des coûts trop élevés. »

Vous avez également mentionné l’importance de réintégrer certaines fonctions en interne. Pourquoi ?

Guillaume Yvon : « effectivement, la tendance à l’offshore a eu des conséquences sur la maîtrise des compétences en interne. Chez OPmobility, nous avons fait le choix de réintégrer tous nos architectes et certaines équipes de développement. Cela nous permet de mieux comprendre nos contrats SaaS et, si nécessaire, de gérer une sortie de ces contrats en toute autonomie. En réintégrant ces compétences, nous améliorons notre capacité à optimiser nos coûts et à mieux maîtriser les technologies sur lesquelles nous nous appuyons. »

Un dernier conseil pour les DSI qui se retrouvent face à cette hausse des coûts ?

Guillaume Yvon : « il est essentiel de challenger constamment les besoins réels et la technologie associée. Doit-on toujours opter pour la solution la plus avancée ? Parfois, des solutions standardisées, bien adaptées aux besoins spécifiques des directions métiers, peuvent suffire tout en étant plus abordables. Et bien sûr, il faut être transparent avec les directions métiers sur les coûts réels des applications. Plus elles seront sensibilisées à ces enjeux, plus elles pourront collaborer à l’optimisation des coûts. »

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