Cybersécurité, risque numérique, gestion des Gafam ou encore stratégie marketing des éditeurs, Jacky Galicher, DSI du Rectorat de l’académie de Normandie et membre du collège national de l’association Agora DSI nous partage son regard d’expert. Zoom !
La cybersécurité, le risque numérique en milieu scolaire sont aujourd’hui au cœur des débats, pouvez-vous nous parler de ces enjeux publics ?
Jacky Galicher : « La région de Normandie a été la cible de nombreuses cyberattaques : le conseil régional de Normandie, le conseil départemental de Seine Maritime, les CHU de Caen et Rouen ou encore la mairie de Caen. Ce sujet est donc majeur pour nous mais il préoccupe également les directeurs des SI que nous côtoyons à l’association. Au sein de l’académie de Normandie, nous avons conçu un plan d’actions afin de prévenir et anticiper de telles attaques dont l’objectif principal – plus de 30% – est de récupérer les données des élèves.
La lutte contre le harcèlement en ligne ou l’utilisation des réseaux sociaux sont aussi des sujets connexes sur lesquels nous avançons. La place du numérique occupe une part croissante dans le milieu scolaire mais sa dangerosité pour les élèves et les professeurs n’est pas suffisamment encadrée. Pour pallier à cela, nous sensibilisons notamment les professeurs via des actions de communication.
Enfin, la gestion des Gafam est aussi une thématique complexe dans mon métier de DSI. Notre ministre, Pap Ndiaye, a réaffirmé que les solutions Microsoft Office 365 ou Google WorkPlace n’étaient pas compatibles avec le RGPD, ni avec la doctrine « cloud au centre » de l’État. Nous travaillons avec d’autres partenaires de l’IT mais les coûts des licences s’envolent et nos budgets ne suivent pas. Des choix sont à faire mais le contexte est assez complexe. »
Vous soulignez le manque de stratégie marketing de la part des éditeurs ? Que souhaitez-vous dire ?
Jacky Galicher : « Les fournisseurs manquent de créativité dans leurs stratégies marketing, ce qui se traduit par des messages commerciaux et des fonctionnalités de produits trop similaires. De plus, ils adoptent souvent un discours universel qui ne tient pas compte de la taille des entreprises et des différences culturelles, ce qui rend difficile l’évaluation de la qualité de leurs produits et services. Pour mieux répondre aux besoins de leur public cible, les fournisseurs devraient adapter leur approche et mettre en avant les témoignages de leurs clients pour renforcer la confiance. Plutôt que de se concentrer sur les fonctionnalités des produits, leur communication devrait mettre en avant les avantages métiers.
Pour évaluer la pertinence d’un produit proposé, la réalisation d’un projet pilote ou d’un proof of concept (POC) est la meilleure option. Cela permet de tester les produits ou services dans leur contexte et leur environnement réels, en utilisant les propres données du client. Le POC permet ainsi d’évaluer la performance, la qualité, l’adéquation aux besoins du client, l’acceptation des bénéficiaires finaux, ainsi que leurs besoins complémentaires en termes d’information relative aux produits ou services. »
Enfin, pouvez-vous nous commenter les sujets abordés actuellement au sein de l’association Agora DSI ?
Jacky Galicher : « L’Agora nous permet d’échanger entre pairs dans le cadre d’une relation de confiance totale. Les adhérents représentent des entreprises publiques et privés, ce qui est une grande force, car cela permet un enrichissement réciproque. Nous abordons divers sujets comme par exemple le bien-être au travail ou le management culturel dans un esprit « club » ! Nous organisons également des réunions « cross fonction » afin d’être sensibilisé aux activités d’autres métiers. Il est primordial pour les DSI d’être en phase avec les autres métiers de l’entreprise tout en opérant dans un monde très contraint administrativement, juridiquement et financièrement ! »