Youssef Bouchakor, Country Manager France chez PREO Software, revient sur l’essor du marché des licences d’occasion, pas suffisamment développé en France, mais porteur d’importants gains pour les DSI et acheteurs IT. Il évoque également les limites du modèle actuel imposé par les éditeurs et souligne l’émergence de solutions européennes alternatives, souveraines et compétitives face aux géants du cloud.

Pouvez-vous nous parler de votre activité chez PREO Software et de l’évolution du marché des licences d’occasion ?

Youssef Bouchakor : « Depuis plus de 6 ans, je représente PREO Software en France. L’entreprise est l’un des principaux revendeurs de logiciels d’occasion en Europe, et chaque année, nous aidons de plus en plus d’organisations à réduire leurs coûts logiciels. Nous travaillons principalement avec des entreprises de taille moyenne, des groupes et des entités publiques, pour les accompagner dans le recyclage et la revente de licences d’occasion. L’activité de PREO Software a connu un tournant majeur en 2012, après la décision de la Cour de justice européenne autorisant la vente de licences d’occasion. En France, ce marché a démarré lentement, mais après plusieurs appels d’offres, nous avons gagné en visibilité. Aujourd’hui, PREO Software est référencé par de grandes structures et des centrales d’achat informatique. »

Qu’est-ce qui freine l’adoption des licences d’occasion en France comparé à l’Allemagne ?

Youssef Bouchakor : « En Allemagne, le facteur humain et la culture jouent aussi un rôle crucial, les gens ont une grande sensibilité quand il s’agit de partager leurs informations, s’ajoute à cela le souhait des DSI /RSSI d’avoir la main sur leurs datas et les datas des utilisateurs. En France, le processus est plus complexe, car il faut souvent passer par des intermédiaires, comme des cabinets de conseil ou des infogérants, pour éduquer les acheteurs sur cette pratique. Ce manque de connaissance, couplé aux contrats longs avec les éditeurs (3 à 5 ans), peut constituer un frein. C’est dommage car les augmentations annuelles des prix des licences, comme celles appliquées par Microsoft, rendent l’option des licences d’occasion d’autant plus attractive. »

PREO Software vient de signer un partenariat avec Mersy. Quelles sont les synergies que vous voyez dans cette collaboration ?

Youssef Bouchakor : « Nous collaborons avec Mersy depuis plusieurs années, mais notre partenariat a récemment pris une nouvelle dimension. L’objectif est double : permettre à Mersy de proposer à ses clients une solution complémentaire en matière de licences d’occasion, et de notre côté, détecter des signaux utiles à Mersy. En effet, lorsqu’un client nous revend ses licences, cela traduit souvent une transformation majeure de son système d’information, comme une migration vers le cloud. Grâce à cette information en amont, nous pouvons informer Mersy, qui est alors en mesure d’accompagner ces entreprises dans l’optimisation de leur parc, la renégociation de contrats ou la rationalisation de leurs usages. Ce partenariat crée ainsi une passerelle intelligente entre revente, optimisation et stratégie IT. »

En dehors de Microsoft 365, quelles alternatives existent pour les entreprises, notamment dans le cadre de la souveraineté des données ?

Youssef Bouchakor : « Il existe aujourd’hui des alternatives intéressantes à Microsoft 365, notamment des solutions comme Interstis, une solution française de digital workplace qui répond aux exigences légales et de sécurité de l’UE. En termes de bureautique, des options comme OnlyOffice ou encore des solutions open source ont également gagné en popularité. Ces alternatives offrent des solutions de travail collaboratif tout en respectant des exigences strictes en matière de protection des données. D’ailleurs, en Allemagne, l’utilisation de Microsoft Office 365, au sein des organisations publiques, est perçue de manière très critique et est parfois interdite dans les écoles. C’est dans ce contexte que PREO continue de promouvoir les licences d’occasion, en particulier pour des solutions comme IBM, VMware ou Oracle, en les maintenant à jour grâce à des services spécialisés de tierce maintenance. »

Comment les DSI peuvent-elles accompagner cette évolution des solutions logicielles ?

Youssef Bouchakor : « Les alternatives aux géants du secteur comme Microsoft doivent être soutenues par les DSI des grandes entreprises et des institutions publiques. L’association du Cigref pourrait jouer un rôle central en réunissant les acteurs pour discuter des solutions existantes, évaluer leur adéquation avec les besoins des entreprises et mettre en œuvre une migration réfléchie et sécurisée. L’objectif est d’adopter des solutions performantes tout en garantissant la souveraineté des données et une optimisation des coûts. »

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